ABBEY SILVACANE exhibition summer 2011

The peculiar project of installing luminous steles required to move beyond the mere and comforting consideration of the Silvacane's Abbey in its cistercian nature.

 

At the same time, I sensed that the light, the water of this marshy site, the very nature of this religious building, the imprint of past centuries and lives arose to me as strong referents to develop this project.

 

It was conceived as part of the "Mourning and Grace" 2011 Exhibit and fitted perfectly the Abbey's dining hall. Likewise, I could not omit the glassworks and chairs created and set by the artist Sarkis (2001) for a work commissioned by the State.

 

I then undertook the conception of a structural element firmly grounded, i.e. the stele. Steles are monolithic standing monuments either inscribed or sculpted, that can be a body's memory or its witness. To reflect the Abbey's marshy grounds, I decided to fill the horizontal part of the stele with water: a plastic means to assert the work of art within the site.

 

On the water surface, my floating drawings reflected back like my graphs' hollow voices against the mirror of the stele's vertical side: a reflected image freed up of its carnal exterior, disembodied. To resonate with Sarkis' five glassworks and five chairs, I worked on ten steles.

 

In the northeastern part of the dining hall less exposed to intense sunlight, I felt impelled to lighten up the steles. I did not feel I could nor should compete with the glassworks' superior light. Therefore, I opted for a stele that would generate not only its proper light but also an induced one that could spread across and within the dining hall stones.

This glowing source emanates from under the steles much like a halo emphasizing an aura feeling, i.e., a mysterious influence inhabiting this absent body!

 

 

>Go to the movie Silvacane Abbey / The Mourning and The Blessing

Lucile Travert ou la "nécessité intérieure"

Les artistes ont une particularité singulière, ce qu'ils font semble toujours être de l'ordre du vital, de la nécessité impérieuse et absolue, de "nécessité intérieure" dirait Kandinsky.

Tendre un châssis, préparer une surface à peindre, poser de la couleur sur la toile, condenser leur science sur des formes, des gestes, expérimenter leur savoir en élaborant des choix dans des actes profondément inutiles mais terriblement nécessaires. Le souci permanent d'instruire la matérialité de ce qui fait la peinture en prenant acte de la tradition, en déclinant avec ferveur le vocabulaire pictural, en nous faisant savoir qu'il y a là une affaire d'enduit, de colle, de textures, de pâte... ces choses éminemment réelles que les artistes rendent essentielles. A observer Lucile Travert au travail, c'est reconnaître le propre de l'artiste. Traces d'existences, corps qui émergent dans le trait, cohabitent puis disparaissent et se glissent dans la couleur. Corps indispensables. Des corps qui disent chacun leur vérité, qui s'imposent comme une évidence dans la toile, qui hurlent dans leurs méandres graphiques.

En écho, des mots perdus dans des textes improbables, de longues écritures qui plongent et surgissent à la surface de la toile, se mêlent aux éclats de couleurs et nous racontent l'épopée du tableau, les strates de la pensée en action. Le mot avant l'agir puis l'agir qui engendre les mots. Une dialectique sans fin. Une intrusion, une inclusion de l'écrit dans les fibres de la toile, dans la couleur en pleine pâte. L'écrit engage aussi un rapport particulier à la toile, il force à "lire" le tableau sur un autre registre que celui des formes. L'écrit n'est pas dans la perception immédiate et instantanée, il réclame un autre "temps de lecture".

Les œuvres de Lucile Travert ont ceci de singulier c'est qu'elles instaurent des temps différents de déchiffrement, la forme, la couleur et l'écrit condensent des temps uniques à chacun. La curiosité du spectateur le conduit à penser qu'il y trouvera l'énigme, le mystère du tableau, probablement des explications objectives de ce qu'il voit. Dans ses "transferts" d'écrit sur toile, le peintre a conçu une technique qui "parasite" le déchiffrement pour donner plus à voir. Des textes qui veulent en dire plus sur l'image. Est-ce dans cette perspective que Lucile Travert nous parle de "démembrement"? Il semble que la matière chromatique, subtile et foisonnante, tente d'accorder les plages dessinées, les graphismes en tout genres. Parfois traitée en gros bouillons, elle s'apaise puis s'insinue dans des territoires pleins de vibrations dangereuses. Elle règle les tentions, les exacerbe parfois. La couleur pacifie le tableau, elle fait lien.

L'oeil cherche à se poser, navigue et ne se pose jamais. A peine est-il dans la découverte d'une narration quelconque qu'il est déjà happé par un corps qui se tord dans un entrelacs de lignes complexes, dans un flot de couleurs flamboyantes. Le regard est malmené, traité sans répit.

Il faut voir Lucile Travert à l'œuvre in situ, aux quatre vents, sa toile déchassée au sol, qui attend. Des dessins accrochés dans les fourrés telles des constellations de papiers qui flottent, patients, dans le soleil; ses carnets, posés sur les cailloux vibrant d'écritures au beau milieu de tubes de couleurs que se disputent une kyrielle de pinceaux fébriles. Et tout ce beau monde se retrouvera bientôt, dans des gestes primordiaux et mystérieux, des agencements spectaculaires, réunis dans l'espace du tableau.

Ces affleurements qui révèlent la surface des couches internes, ces vagues successives, ces mémoires englouties puis libérées nous confrontent à une multitude de mondes qui s'accordent dans un palimpseste en perpétuel devenir. Lucile Travert nous livre les sinuosités invraisemblables de sa pensée, de ses tellurismes profonds.

Robert MAESTRE Commissaire d'exposition 28 février 2011

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